C’est étrange comme à mon âge, avec mon niveau d’instruction et d’éducation, j’éprouve le sentiment d’être pris pour un imbécile par tous ceux qui se mettent en devoir de m’expliquer toutes les bonnes raisons de leur donner raison, sans me préciser leur propre position, ou de faire ce qu’ils aimeraient bien que je fasse sans avoir à me le demander.
Cette réflexion, je me la suis faite à 12 ans, à 20 ans, à 30 ans et je me la fais toujours aujourd’hui.
Notre éducation scolaire fait qu’on ne peut rien affirmer que l’on n’ait préalablement démontré, et notre éducation familiale, que l’on ne peut rien demander sans en avoir préalablement démontré la nécessité.
Scolairement, cela se justifie par le souci de transmission qui veut que l’on livre à l’apprenant le kit complet du savoir, démonstration/résultat.
Sur le plan familial, cela se justifie par la volonté de s’assurer du degré d’autonomie de celui qui demande et du degré d’autorité de celui qui accède à la demande.
En termes de relation, cette façon de faire est calamiteuse.
Elle transforme, de facto, celui qui reçoit l’explication avant toute demande, soit en ignorant présupposé, soit en enfant qui doit respect et soumission.
Pire encore, elle transforme celui qui donne une explication avant toute demande, soit en pédant donneur de leçon, soit en « petit garçon » s’excusant de demander pardon.
Quoiqu’il en soit, expliquer avant de demander rompt l’égalité de la relation.
On n’explique pas pour tomber d’accord, on explique pour finaliser un accord naissant.