Convaincre est un mot à la mode en cette période de division sur le sujet qui préoccupe le monde depuis 18 mois et plus particulièrement, appliqué à son remède.
Il faut « convaincre les gens », est l’expression consacrée pour chacun des camps qui oppose à l’autre ses propres convictions, avec les corollaires que sont « lui faire prendre conscience », « lui faire se rendre compte » ou enfin, « le faire se rendre à l’évidence ».
Ces expressions ne font que traduire une pression exercée sur le cerveau de celui qui doit recevoir la lumière, à savoir : la conviction, la conscience, la prise en compte ou l’évidence, de la part de celui qui la détient, alors même que son auditoire est supposé trop sot, trop immature ou trop faible pour la recevoir par lui-même.
Ne tentez pas de convaincre, ni même d'argumenter
Convaincre vient du latin « Vincere » – Vaincre – et l’arme de la victoire, c’est l’argument.
L’étymologie même du mot convaincre, est empruntée au vocabulaire martial et il suffit d’observer cela pour comprendre qu’en termes de relation, on ne peut pas faire plus désastreux que de tenter de convaincre quelqu’un.
On ne peut pas non plus faire plus désastreux que d’argumenter : cela revient à porter autant de coups que l’on donne d’arguments. Ne dit-on pas d’ailleurs « asséner des arguments », de la même façon qu’on le dirait pour des violences commises au moyen d’un instrument contondant ?
Le changement d’opinion est un processus interne à chacun qui ne dépend de personne.
La conviction : un processus interne, intime
Les individus se convainquent, prennent conscience, se rendent compte ou se persuadent par eux-mêmes, au gré des éléments d’information ou d’observation qu’ils recueillent eux-mêmes, en excluant précisément ceux que l’on tente de faire pénétrer de force dans leur crâne par violence et dont la nature leur parait d’emblée suspecte, quelle que soit la sincérité du pénétrant.
Donnez à quelqu’un qui ne veut pas l’entendre, un argument quelle qu’en soit la nature, il le rejettera par un argument de sens contraire et de même poids, asséné avec les plus parfaites déloyauté et mauvaise foi.
Laissez le même, observer et réfléchir librement sur un sujet, sur ce qu’il en voit, ce qu’il en entend et demandez-lui ce qu’il en pense ; il triera lui-même ce qui lui parait pertinent de ce qui ne lui parait pas l’être et vous livrera une opinion soumise à débat car nourrie de son propre doute.
Personne ne convainc par des arguments, chacun donne envie par ses prises de position et la cohérence entre celles-ci, l’énergie qu’il met à les défendre et la liberté qu’il laisse aux autres de les suivre ou non.
C’est l’attitude des leaders qui donne envie de les suivre, et pas leurs explications, que d’ailleurs ils ne donnent jamais dans le pourquoi et seulement parfois dans le comment.
C’est la différence entre convaincre et donner envie, entre manipuler (étymologiquement, y mettre les mains) et influencer.
Qu’en pensez-vous ?
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