L'intelligence relationnelle expliquée par Clément Toulemonde. Interview Forbes
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- Intelligence Relationnelle, Interview
Comment avoir du talent dans ses échanges professionnels, chaque jour, en le faisant exprès, plutôt qu’au hasard des circonstances ? Pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence relationnelle, et ce que cette compétence peut apporter à l’entreprise, ses dirigeants et collaborateurs, découvrez l’interview de Clément Toulemonde par le magazine Forbes : le Directeur du Développement International d’Interactifs répond aux questions de Jessie Claire.
Interactifs : la rencontre de l'intelligence relationnelle
Jessie – Interactifs est un cabinet proposant des formations pour : les dirigeants, managers et commerciaux souhaitant booster leurs compétences relationnelles.
Clément – Interactifs est un cabinet d’experts en compétences relationnelles, et la promesse que l’on fait à toutes les personnes qui nous sont confiées : avoir du talent tous les jours en le faisant exprès plutôt qu’au hasard des circonstances !
Jessie – Interactifs est un cabinet de formation, de coaching et de conseil spécialisé dans le développement de l’intelligence relationnelle. Avant toute chose, j’aimerais revenir sur votre background passionnant. Vous vous appelez Clément Toulemonde et vous dites que vous portez très bien votre nom puisque vous êtes : franco-australien par adoption administrative, vos parents étaient des expatriés, ils vous ont emmenés aux quatre coins du monde, vous avez beaucoup de chance ! Vous avez essentiellement vécu en Australie, vous avez beaucoup étudié et travaillé là-bas, malgré des études en marketing international et en système d’information, un beau jour de formation en 2009, vous êtes tombé sur Interactifs et là ça a été le coup de cœur.
Clément – Absolument ! J’étais dans un grand cabinet de conseil connu sur la place française et internationale à l’époque, et j’ai été manager dans ce cabinet de conseil et convoqué en formation, puisqu’Interactifs fait partie des cursus obligatoires pour l’ensemble des populations de managers.
Jessie – Ce qui est une très bonne chose !
Clément – Absolument. C’est une très bonne chose, et pourvu que ça continue ! Je ne m’attendais pas à grand-chose, mais j’étais à un moment dans ma carrière, dans mon évolution personnelle également, un peu à la croisée des chemins avec d’autres rêves et des besoins de développement forts que je n’avais pas encore identifiés pour moi dans mes échanges, puisque ma mission m’amenait à devoir manager et vendre, chose que j’avais peu fait auparavant. Interactifs m’a donc amené toutes les clés dont j’avais besoin, ce qui m’a fait prendre réellement conscience du « avant » et du « après ».
Qu'est-ce que la compétence relationnelle ?
Jessie – Ce fameux coup de cœur vous a amené à avoir une passion, au final, pour l‘intelligence relationnelle, grâce à Interactifs. Vous avez donc intégré ce cabinet peu de temps après 2009. Pouvez-vous nous expliquer concrètement ce qu’est l’intelligence relationnelle ?
Clément – L’intelligence relationnelle, c’est de manière synthétique : la capacité à être « séduisant » et de l’autre la capacité à le faire avec discernement et impact dans un contexte.
Si j’élabore un peu, c’est la somme de deux choses : à la fois la capacité dans un échange à créer du lien, de donner confiance rapidement à travers des comportements libres, à l’écoute, de la précision… En bref, une vraie capacité à séduire et à donner envie. Si on veut mettre des mots plus sophistiqués dessus, on peut parler d’intelligence émotionnelle, mais cela ne suffit pas. Si je réussis à vous donner envie de travailler avec moi, ce n’est pas mal, mais disons que ce n’est pas suffisant.
Généralement, nos conversations ont un contenu et un contexte, et mon talent ça sera aussi d’être capable, dans cet échange avec vous, d’adopter une stratégie, des positions, des arguments, des objectifs, que je serai capable de choisir et d’annoncer à mon interlocuteur. Et là, si on veut mettre encore une fois un mot plus élaboré dessus, on peut parler d’intelligence situationnelle : soit la capacité à faire quelque chose de ses émotions et de la situation plutôt que de les subir. Et c’est la somme finale des deux que l’on peut appeler l’intelligence relationnelle.
Jessie – Quand je vous écoute Clément, je me demande : « Pourquoi ce ne sont pas des notions que nous apprenons dès l’école ? », puisque ce sont des notions qui dépassent même les compétences au travail, ce sont peut-être même des compétences de vie que l’on peut ramener à la maison avec soi. Ça donne très envie d’en savoir plus.
Une pédagogie qui a fait ses preuves. Et d’une grande efficacité
Jessie – Clairement le but d’Interactifs c’est d’aider les collaborateurs à pratiquer des relations plus simples et plus efficaces, vous dites même qu’Interactifs fait partie du terrain pour y retourner. Est-ce que ce business, lancé en 1989, est parti d’une expérience personnelle ?
Clément – Pas d’une expérience personnelle en ce qui me concerne, puisque j’ai rejoint l’aventure en cours de route (il y a de cela 15 ans), mais c’est parti de l’expérience personnelle de plusieurs personnes, notamment du fondateur : Philippe De Lapoyade, encore présent dans l’aventure et à nos coté à l’heure actuelle.
Ce constat était que la compétence relationnelle était un sujet en train de devenir plus important aux yeux du monde. Et, Dieu merci, les parents commencent à en prendre conscience, les écoles, les entreprises également, et quant à nous, c’est le marché de l’entreprise que nous avons décidé de servir. C’est grâce à un constat que dans le monde de l’entreprise, il y avait des formations de 2 univers : des formations dites « méthodiques » en matière de communication, vente, management, négociation… et qui avaient pour certaines d’entre elles une efficacité démontrée, mais qui, à notre grand regret, amenaient les gens à avoir des comportements qu’eux-mêmes n’auraient pas aimé que l’on ait avec eux.
Jessie – Vous avez fait beaucoup de travaux de recherche au sein de votre entreprise.
Clément – Absolument, et pour ces travaux de recherche, on n’est pas parti des bibliothèques, ni de travaux de recherche faits par d’autres. Nous sommes partis du terrain en regardant ce que font les gens quand ils ont du talent. Dieu merci, du talent, on en a tous ! Simplement ça dépend des jours, du sujet, de l’interlocuteur, parfois même de la météo. En regardant ce que l’on fait tous quand on a du talent, on a identifié des choses que l’on fait plus souvent quand on produit plus en se fatiguant moins et en créant des relations d’estime et de confiance dans nos manières de préparer, démarrer, conduire et faire produire quelque chose à nos échanges. Et ce sont ces principes-là dont on a fait la synthèse, et qu’on a décidé d’appeler la « Discipline interactifs ».
Jessie – C’est une méthode pédagogique qui a fait ses preuves et d’une grande efficacité, vous parlez aussi d’un contenu original, expliquez-nous un petit peu.
Clément – Elle est originale de plein de points de vue. L’une de nos originalités, c’est que l’on remet les gens en cohérence entre leur comportement et leurs convictions. Si on demande à quelqu’un comment il ou elle aimerait que l’on lui parle, on va vous répondre « simple, clair, direct pour autant que ce soit poli courtois respectueux ». Mais malgré notre bonne volonté en général, ce n’est pas du tout comme cela qu’on se conduit.
Deuxième élément de singularité : on est sur du comportement. Le comportement, une fois qu’on quitte la sphère familiale, on a un peu tous la conviction que c’est fini et qu’on sait déjà faire. Or, on a tendance à prendre de mauvaises habitudes, et on a surtout tendance à se complexifier la vie. Le talent d’Interactifs, ça a été d’identifier les quelques choses simples que l’on doit tous mettre en place pour revenir à des comportements simples et donc plus efficaces.
Un dernier point sur la partie pédagogique : on amène les gens à faire du tri dans les comportements qu’on est tous capable d’avoir parfois, avec l’objectif de les avoir plus souvent et plus consciemment au quotidien. En bref, on rend conscientes les choses qui peuvent être parfois un peu perdues dans les arcanes de nos mémoires.
La compétence relationnelle à travers les cultures
Jessie – On ne peut que reconnaître le succès de cette discipline puisqu’aujourd’hui on vous retrouve à l’international, vous avez 60 collaborateurs dans le monde, 45 en France. vous êtes : en France, en Espagne, en Pologne, en Angleterre, en Australie, et vous avez des intervenants en Allemagne, en Chine et au Japon, dans vos équipes vous parlez 7 langues, vous parlez d’une « transculturalité », j’aimerais que l’on parle de ce terme très important chez vous.
Clément – En effet, c’est un terme très important pour nous puisque l’on est dans un monde de plus en plus connecté, de plus en plus international où, surtout dans les grands groupes, sont amenés à travailler ensemble des gens qui ont des histoires, des cultures, des religions et des convictions parfois très différentes. Cette diversité est importante, mais pour assurer son bon fonctionnement, il faut que les gens partagent un code relationnel commun. Il faut bien avoir un minimum de choses en commun pour qu’un échange entre vous et moi puisse produire quelque chose de satisfaisant pour vous et pour moi. Si je fais référence à quelque chose que j’ai dit tout à l’heure, quand on demande à quelqu’un comment il ou elle-même aime qu’on lui parle, tout le monde vous répondra à peu près la même chose « simple, clair, direct, poli, courtois, respectueux ». Sauf qu’hélas, ce n’est généralement pas comme cela que ça se passe, et le fonds de commerce d’Interactifs c’est d’arriver à réduire cet écart. C’est-à-dire que d’une culture à l’autre, ce sont souvent les comportements dominants qui changent, mais les convictions de fond ne changent pas, et nous réussissons à créer des socles relationnels communs en ramenant les gens à ce qui les rassemble.
Liberté et rigueur sont source de productivité
Jessie – Aujourd’hui, avec à peu près 132 000 personnes formées, dont 95% ont trouvé plus d’efficacité et plus de productivité, 95% se disent plus rapides, 86% ont plus d’impact et une plus grande influence : pourquoi à votre avis l’intelligence relationnelle n’est pas une stratégie obligatoire quelque part dans tous les esprits des dirigeants d’entreprise ?
Clément – Mais on aimerait bien qu’elle soit obligatoire ! Ça fait partie des missions qu’a Interactifs, au-delà de bien servir les gens qui nous sont confiés, c’est de faire en sorte que le sujet de la compétence relationnelle devienne un sujet présent à l’esprit des dirigeants. Et l’une des difficultés, et ce qui fait que ça n’est pas suffisamment présent de mon point de vue encore aujourd’hui, c’est que c’est difficile à mesurer. La manière avec laquelle je vais me conduire avec vous dans le cadre d’un échange, comment on arrive à mesurer cela en matière de résultats d’exploitation, en matière de chiffre d’affaires… C’est très difficile à mesurer.
Jessie – Y a-t-il une peur de perte de performance ?
Clément – Je pense qu’il y a parfois chez certaines personnes la peur d’une perte de liberté, plus que de perte de performance, mais que parfois pour lancer des opérations chez nos clients, les gens ont besoin de s’apporter la preuve pour pouvoir justifier que l’investissement est justifié.
Au fond, notre actif le plus précieux, ce sont les succès, parfois sous forme d’anecdotes, que les stagiaires ramènent avec eux et qu’ils partagent bien volontiers. Et on espère à travers cela amener ceux à qui ils s’adressent à la conviction que l’on n’a même pas besoin de démontrer que le fait d’être plus libre et plus rigoureux amène de toute façon une bonne source de productivité.
Jessie – Bien sûr. Vous êtes particulièrement présent en France. Est-ce que justement la situation française est plutôt favorable à vos services par rapport à d’autres pays, en sachant que vous êtes actuellement en train d’ouvrir d’autres bureaux en Allemagne. Est-ce que l’Allemagne est peut-être plus enclin à tout ça ?
Clément – Je pense que fondamentalement tous les pays et économies du monde sont prêtes à recevoir notre enseignement. Le marché français est très singulier en matière de législation et de structure. Il est probablement l’un des plus complexes au monde d’ailleurs, les sources de financement sont très singulières à la France. Si l’on regarde les grands pays du monde, toutes les entreprises du monde sont à la recherche de productivité, puisqu’on est sur des marchés de plus en plus concurrentiels. Et dès l’instant où l’on a mis en place une stratégie qui tient la route, des outils qui tiennent la route, des process qui tiennent la route et qu’on a des talents suffisant dans le cadre de l’entreprise, au fond le gisement de productivité le plus important devient la manière avec laquelle les gens se comportent.
La deuxième chose, au-delà de la productivité, c’est que l’on a beaucoup parlé d’Etat Providence, mais aujourd’hui l’entreprise est en train de devenir l’entreprise Providence. Elles ont une responsabilité sociale vis-à-vis de la société en général, et en partie vis-à-vis de leurs collaborateurs, et il y a des liens forts entre la manière avec laquelle les échanges se déroulent au quotidien, la santé et le bien-être des collaborateurs au bout du bout. En amenant ces collaborateurs à dire avec rigueur et talent ce qu’ils ont à dire, ils se sentent liés à la fin de la journée. Car ce qui nous fatigue tous, ça n’est pas tant que l’on fait, c’est surtout ce que l’on ne dit pas.
Jessie – Ou comment on le dit, effectivement.