Le présentiel, le distanciel et la relation
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- Intelligence Relationnelle, Traiter d'égal à égal
Si travailler à distance s’impose aujourd’hui, se conduire autrement, souvent, doit s’apprendre. Pour des relations professionnelles de qualité, Stéphane Picard nous propose une prise de recul sur ce qui constitue l’essentiel de nos communications verbales. Et explique comment développer nos compétences relationnelles par écrans interposés. Chez Interactifs, on vous apprendra à être rapide, et par conséquent à faire simple, sincère, direct sans être brutal. Découvrez une histoire moderne des rapports humains…
La naissance d’une relation professionnelle
Il y a fort longtemps, quand le temps était lent et les gens bien-portants, ils se cherchaient, s’attendaient, se trouvaient, parlaient entre eux des heures durant, observant leurs mimiques dont ils pensaient qu’elles en disaient plus long que leurs paroles, prenaient des mines de stratèges, se pesaient et se mesuraient, se jugeaient réciproquement insuffisants ou engageaient des amitiés sincères et durables au moins le temps de leurs affaires.
Ils rajoutaient à ces mimiques un grand nombre de mots bien souvent inutiles, espérant qu’à la fin, tel un assaut de spermatozoïdes, certains produiraient l’effet que l’on espérait d’eux sans l’attendre de tous ; à savoir un accord assez vague sur un sujet nébuleux.
On appelait cela la naissance d’une relation professionnelle et la vie des affaires qui murissaient comme fruits au printemps. La maturation était lente, certains ne murissaient pas, d’autres pourrissaient, mais il en restait tout de même suffisamment pour devenir doux, sucrés et juteux à nourrir leurs hommes et leurs familles.
La distanciation sociale et la compétence relationnelle
Vint la grande pandémie, le temps des gestes barrières, de la distanciation sociale et de son enfant préféré, le « distanciel ».
La distanciation sociale ne devait être que géographique, et encore… 2 mètres, 3 mètres, une sorte de vide intersidéral pour virus ne le dissuadant pas de partir par postillon, souffle ou éternuement mais l’empêchant d’arriver à sa victime suivante.
C’était sans compter que dans nos sociétés urbanisées une distance de deux à trois mètres est un luxe que peu de monde peut s’offrir devant la contrainte de la promiscuité empilatoire des transports en commun, les délices de l’open-space et des files d’attente dans les cantines.
La solution radicale fut donc le Confinement.
Chacun chez soi et Internet pour tous.
Fini donc les discussions impromptues avec clients, fournisseurs, managers, managés, fini les échanges sur les week-ends au ski, la réussite scolaire des enfants, la situation politique du pays, les difficultés de circulation ou le bonheur du monde.
Le rapport au temps a changé. Le distanciel ne change pas l’heure des rendez-vous mais prévoit désormais l’heure de leur fin. C’est une révolution !
Avec le distanciel, la ponctualité qui n’était jusque-là qu’une exception bizarre, devient alors la règle. Il règne désormais une étrange obligation d’être à l’heure par le fait qu’il n’existe plus de prétextes aux retards (transports, importuns, etc…), qu’il est difficile de faire patienter quelqu’un dans une salle d’attente virtuelle, et que les rendez-vous s’enchainent dans son salon rendant injustifiable et ingérable tout retard.
Le temps imparti doit donc être respecté et nul ne peut plus véhiculer de l’information inutile. Cela rend impraticable cet échange de platitudes et de banalités préalable et consécutif à tout échange productif dont nous parlions en propos liminaire. Il faut aller droit au but, être clair, direct, concis mais cet impératif rend la relation impossible car on pense cette attitude inconciliable avec la politesse, l’empathie, la bienveillance qui naissaient de la rondeur et de l’imprécision des échanges d’avant la fin du monde.
Mais est-ce si vrai ? Et dans la mesure ou ça l’est, est-ce inéluctable ?
Vers plus d’efficacité pour nos rendez-vous professionnels
Détaillons le déroulement temporel d’un entretien professionnel lambda.
A ———–> A’ ———–> B’ ———–> B
A : les protagonistes sont en présence
B : les protagonistes se séparent.
- A – A’ : pendant un temps indéterminé, qui est en vérité une véritable phase de rituel de politesse, les protagonistes échangent sur des généralités qui n’ont rien à voir avec le sujet qui les réunit – le temps, la famille, les vacances, le sport et tout autre thème pourvu qu’il soit apparemment sans conséquences. Chacun est propriétaire de ce temps puisqu’il est personnel, de pure politesse et que personne n’a à recevoir de leçons de politesse de personne.
- A’ – B’ : on va se dire ce que l’on doit se dire et explorer le point qui réunit les participants. Cette phase de l’entretien est purement professionnelle celle-ci, ne clôt pas nécessairement la réunion même si le sujet est entièrement traité.
- B’ – B : retour sur un temps de politesse, échange de platitudes et de banalités, on se raccompagne à la porte, on décide de déjeuner, on prend le temps et on se quitte.
Tout cela prend du temps, beaucoup de temps. Il est nécessaire me direz-vous car c’est précisément le temps nécessaire à l’installation d’une relation personnelle dans un cadre professionnel. Et c’est précisément ce temps dont nous ne disposons plus depuis le distanciel et le télétravail et dont nous manquons cruellement.
Certes mais le temps, parfois très long, pris par ces phases de politesses A – A’ et B’ – B questionne sur ce que l’on en fait et ce que l’on en attend. La réflexion qui portera sur cette question démontrera que la durée de ces phases est étroitement liée à la sincérité que l’on y met. Dit autrement, ces phases de politesses sont elles seulement des phases de politesse ?
La phase d’accueil A – A’ n’est jamais uniquement polie, elle est aussi et de façon perverse, un moyen de tenter d’introduire avec plus ou moins d’adresse ou de sincérité un propos, une idée ou une demande délicate, sans en avoir l’air. L’idée est de créer, mine de rien, une causalité incertaine, ténue et artificielle entre le temps qu’il fait, la scolarité des enfants, la hauteur des vagues à Hossegor ou de la neige à La Mongie et la hausse d’un tarif, les objectifs non atteints ou l’envie d’être référencé par son client. Cela prend un temps infini de trouver le bon fil à tirer dans un néant de formules polies, et d’amener le vrai sujet comme si de rien n’était, en ayant en plus l’air sincère.
La phase de congé B’ – B répond aux mêmes reproches. On y consacre généralement un temps infini pour maladroitement, tenter de façon invisible de reconquérir un capital sympathie que l’on n’est pas certain d’avoir su conserver ou que l’on sent confusément avoir perdu dans la phase de travail A’ – B’. On compte donc au-delà du raisonnable sur la qualité de la salade César, du Burger Auvergnat ou du beaujolais-village pour remettre un peu d’harmonie dans des sentiments confus.
Apprendre à être rapide et par conséquent faire simple, sincère, direct, sans être brutal avec son interlocuteur tient de la quadrature du cercle. C’est ce que nous demande le distanciel qui impose des rendez-vous à horaires rigoureux. C’est ce qu’Interactifs apprend à ses stagiaires depuis plus de trente ans.
Politesse et rapidité dans les relations au travail
Partons de quelques constats simples :
- Dans la mesure où l’on sait ce que l’on attend de son rendez-vous et de son interlocuteur, il devient beaucoup plus facile d’introduire le sujet d’autant que l’on aura un peu préparé sa demande préalablement.
- Dans la mesure où l’on demande à son interlocuteur ce qu’il pense de ce qu’on lui a dit, de ce que l’on a fait, de comment on l’a fait ou même mieux, ce qu’il pense de vous-même, on termine l’entretien relativement rassuré sur les suites qu’il produira.
Partant de là, les moyens à mettre en œuvre pour raccourcir drastiquement les rendez-vous sont aussi simples que les constats dont ils découlent. Il convient de refaire de ces phases de rituel, de véritables phases de politesse.
- De A à A’, ne parler que pour s’intéresser à l’autre sans chercher à introduire son propos.
- De B à B’, ne parler que pour s’intéresser à l’autre sans chercher à se rassurer ou à regagner la sympathie que l’on pourrait d’aventure avoir perdue.
Pour cela, il faut nécessairement savoir ce que l’on a à demander et comment le demander. Se poser la question de son objectif et de la façon de l’annoncer de la façon la plus directe sans le rendre brutal.
Répondre à cela, c’est se débarrasser de l’essentiel. La politesse préalable se limite au nécessaire quand on sait que l’on sera clair, direct et poli sur le sujet principal. Plus besoin de louvoyer autour de platitudes et de banalités.
Pour cela, il faut nécessairement trouver le courage d’aller chercher chez l’autre, son retour, son sentiment sur qui on est et ce que l’on fait. C’est une demande qui se prépare et qui rend totalement inutiles les ronds de jambes de couloir, les raccompagnements à la porte qui n’en finissent pas, les promesses de recontactons-nous dont on craint bien qu’elles n’aient jamais la moindre suite.
Commencer par être clair, simple, direct, tout en étant poli et respectueux de son interlocuteur par une préparation adaptée, c’est ce que tout le monde attend de tout le monde.
Terminer un entretien en connaissant la qualité de la relation produite par une demande adaptée et préparée, c’est ce dont tout le monde rêve à la fin d’un rendez-vous et ce qui permet de bâtir, maintenir ou rétablir cette relation.
Ces deux actions permettent d’éliminer les deux phases les plus chronophages d’un entretien et les phases les plus approximatives et incertaines de la relation.
Interactifs a créé et maîtrise ces outils qui vous permettront de ne pas avoir l’air d’une brute pour n’avoir pas de temps et de ne pas avoir l’air de celui qui tourne autour du pot lorsque vous en avez.
Vous laisserez à la politesse ce qui lui appartient. On ne vous apprendra pas à être poli, on vous apprendra à être rapide sans être brutal.
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